Un peu d'histoire
En toute logique, la Coccinelle n’aurait jamais dû connaître le succès. Elle était indéniablement originale, elle apparaissait à une époque plus que troublée, elle était la risée des autres fabricants d’automobiles. Mais les Allemands persévérèrent et la mirent en production à la fin de 1945: son succès fut énorme… Jusqu’à ce jour, plus de vingt millions de Coccinelle ont été fabriquées, le vieux record de la Ford T étant largement battu. La VW est vraiment le best-seller automobile de tous les temps. Elle n’a jamais été officiellement appelée Coccinelle; ce surnom lui fut donné à la fin des années 30, peu après sa première apparition publique.
La conception générale de la voiture est encore plus ancienne qu’on ne le conçoit généralement. La VW est une création de Ferdinand Porsche qui avait ouvert un bureau d’études à Stuttgart au début des années trente. Il avait déjà réalisé des prototypes à moteur arrière pour Zundapp et pour NSU (mais sans pouvoir passer au stade de la fabrication en série faute de moyens) lorsqu’en 1934 le gouvernement lui confia la mission de concevoir une « voiture populaire». Les trois premiers prototypes, identiques au prototype NSU à de nombreux égards, furent fabriques dans les propres ateliers de Porsche et étaient déjà prêts en 1936. Une présérie de trente voitures fut construite en 1937 par Mercedes et le modèle définitif sera présenté en 1938.
On entama la construction de la nouvelle usine à Wolfsburg en 1938. Mais, en raison des préparatifs de guerre, les premières voitures n’auraient pu sortir de chaîne qu’au début de 1940. Des véhicules militaires, utilisant des mécaniques VW, furent fabriqués durant toute la guerre. En 1945, l’usine n’existait plus et la fabrication de véhicules privés n’avait encore jamais commencé. Toutefois, à l’initiative des forces d’occupation (britanniques en l’occurence), la fabrication débuta fin 1945.
Au premier janvier 1946, 1875 exemplaires avaient été fabriqués. Ils comportaient un moteur de 1131 cc, une boite de vitesses non synchronisée et des freins à câble. Comme ils étaient remarquablement bon marché et fort fiables, ces modèles reçurent un excellent accueil dans une Allemagne où les automobiles faisaient cruellement défaut. En dépit de tous les obstacles, les ventes continuèrent à augmenter. A la fin des années cinquante, il avait déjà fallu agrandir l’usine et VW, sous la houlette du Dr. Nordhoff, était en passe de devenir le géant automobile que nous connaissons aujourd’hui.
Les exportations en direction de tous les pays du monde commencèrent au début des années 50. La coccinelle, qui jusque-là était restée une machine assez grossière, commença à s’affiner. Techniquement, elle n’avait rien pour elle: la tenue de route était toujours précaire, les performances étaient plus que modestes, l’esthétique était pitoyable et l’espace réservé aux passagers (et aux bagages) s’était vu mesuré. D’autre part cependant, le moteur refroidi par air permettait une utilisation sous toutes les latitudes; sa réputation de robustesse et de fiabilité allait la rendre indispensable dans tous les pays en voie de développement.
VW demeura fidèle à la Coccinelle beaucoup trop longtemps et les autres modèles n’apparurent qu’au début des années soixante. Tous les efforts étaient consacrés à la seule amélioration du modèle existant. Le moteur passa a 1192 cc au cours des années cinquante, devint un 1300 à la fin des années soixante, ensuite un 1500 et pour finir un 1600. On adapta des freins hydrauliques et une boîte de vitesses entièrement synchronisée système Porsche, la qualité des fabrications fit l’objet de soins minutieux mais peu fut fait pour améliorer la tenue de route. Quant à l’habitabilité, elle constituait le moindre des soucis des ingénieurs. L’option boîte automatique apparut à la fin des années soixante. Avec le temps, la Coccinelle reçut aussi une nouvelle suspension avant à ressorts hélicoïdaux ainsi qu’une nouvelle carrosserie redessinée.
Lorsque Volkswagen annonça sa nouvelle gamme à refroidissement par eau (Passat, Golf, Polo) au début des années soixante-dix, tout le monde comprit que l’heure de la retraite avait sonné pour la Coccinelle. Il est intéressant de remarquer qu’elle aura survécu à tous les modèles qui dérivaient d’elle (VW1500/1600, VW411/412). Bien que la fabrication ait cessé en Allemagne, elle continue à l’étranger et il est à prévoir que le modèle demeurera encore au catalogue pour de nombreuses années dans un certain nombre de pays en cours de développement.